de Roberto Ferrario
Des soldats dont on ne parle pas, car on ne parle que de ceux qui sont morts. Les autres, les blessés, les malades, restent dans l’ombre des média, car personne ne veut vraiment voir les dégâts qu’une guerre peut provoquer. Le froid décompte des morts n’est rien comparé à un corps mutilé, monstrueux, à la folie qu’une guerre engendre et aux cris de douleurs qui résonnent d’un hôpital.
Lui qui est parti en Irak pour servir son pays, pour que l’on soit fier de lui, revient sans jambes, avec un bras ; il croyait devenir un homme là-bas, c’est un infirme qui revient, un moins que rien, incapable de s’occuper de lui-même, il se fait honte. Personne ne voudra plus jamais de lui, se dit-il, aucune femme n’acceptera de lui faire l’amour, de lui faire des enfants, à vrai dire il ne sait même pas s’il peut bander, rien n’est arrivé depuis qu’il est revenu, aucun médecin ne lui dit la vérité.
Un soldat, ça meurt en servant sa patrie, en se sacrifiant pour un soi-disant idéal national, un soldat ça ne revient pas fou, estropié, ou malade, ça revient en héros, point final.
Boire, se droguer, dans la peur de tout, de se retrouver seul, abandonné, sombrer dans la folie, dans l’interdit, dans le tabou et avoir peur surtout de la mort. (avec EDUSA)
