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CPE : les étudiants entraînent les syndicats dans leur mobilisation (PAPIER
GENERAL)
Par Eric DARCOURT-LEZAT
PARIS, 19 jan 2006 (AFP) - Les organisations étudiantes appellent à la
mobilisation générale pour le retrait du contrat de première embauche (CPE),
entraînant dans leur sillage des syndicats de salariés impuissants jusqu'ici à
opposer une résistance coordonnée à la boulimie réformatrice du gouvernement.
Une douzaine d'organisations étudiantes et lycéennes, marquées à gauche
(UNEF, jeunes CGT, MJS, MJC, Sud étudiant, JCR, Unsa jeunes, jeunes verts,
etc,.) ont manifesté jeudi leur volonté d'en découdre avec le gouvernement.
Brandissant le spectre du CIP (contrat d'insertion professionnelle), le
"Smic jeunes" auquel Edouard Balladur avait dû renoncer en 1994 après un mois
de contestation, elles sont résolues à obtenir le retrait pur et simple du
CPE, qualifié d'"insulte à la jeunesse".
Destiné aux jeunes de moins de 26 ans, ce contrat à durée indéterminée a
pour caractéristique de pouvoir être résilié les deux premières années sans
justification par l'employeur.
Les organisations de jeunesse ont dénoncé ainsi une "triple peine" à
l'encontre d'une génération qui sera "la première condamnée à vivre moins bien
que ses parents", à se voir frappée d'"interdiction" de "se projeter dans
l'avenir" et réduite au statut de "citoyens de seconde zone".
Dénonçant un "choix de civilisation" où "tous les droits acquis de haute
lutte par nos aînés seraient sacrifiés", elles entendent constituer des
"collectifs locaux de mobilisation".
Annonçant une semaine d'action du lundi 30 janvier au 4 février, elles ont
lancé un appel à la solidarité des confédérations syndicales.
Celles-ci ont aussitôt répondu présent dans un bel ensemble, après avoir
semblé jusqu'ici être prises de vitesse par les réformes à répétition de
Dominique de Villepin.
CGT, CFTC, FO, CFDT, Unsa et FSU ont ainsi fait état de contacts avec les
organisations de jeunes, envisageant de mêler leurs forces à une mobilisation.
Alain Olive (Unsa) a évoqué les "prémices d'une possible mobilisation",
notant l'"émotion" que suscite un "sujet très sensible" qui "prend de plein
fouet une génération".
Gérard Aschieri (FSU) a souligné que devant "un dossier très lourd pour
l'avenir des jeunes, la très large condamnation exprimée par les syndicats"
offrait des possibilités de "convergences".
"FO est prête à une action ciblée" pour obtenir "le retrait de ce contrat,
selon des modalités à définir en commun", a assuré Jean-Claude Mailly.
Jacques Voisin (CFTC) a lui fait un retour sur des mois d'hésitations
syndicales pour exprimer son regret "qu'on ne se soit pas assez battus contre
le contrat nouvelles embauches", qui a "fusillé le code du travail".
L'aurait-on fait, a-t-il estimé, "nous aurions pu éviter les risques de sa
deuxième version, le CEP".
Partisan d'une "action spécifique sur le CPE", François Chérèque refuse de
noyer cette revendication dans un ensemble plus vaste, justifiant ainsi son
refus de rallier la journée d'action de la CGT prévue le 31 janvier.
Selon Maryse Dumas, la CGT est "disponible pour toute action spécifique
visant à mettre en échec le CPE", mais aussi "plus largement pour toute
mobilisation contre la déréglementation du code et du contrat de travail,
ainsi que sur les salaires, l'emploi et la durée du travail".
Après des mois d'atermoiements, les syndicats ne sauraient demeurer "l'arme
au poing" devant "l'offensive généralisée du gouvernement et du patronat. Ca
va bouger, et la CGT fera tout pour que ça bouge", prévient Mme Dumas.
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